Parfit : Peut-on se téléporter en restant soi-même ?

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Supposez que vous entriez dans une cabine dans laquelle, quand vous appuyez sur un bouton, un scanner enregistre l’état de toutes les cellules de votre cerveau et de votre corps, en détruisant ces derniers par la même occasion. Cette information est ensuite transmise à la vitesse de la lumière à quelque autre planète, sur laquelle un duplicateur produit une copie organique parfaite de vous-même. Puisque le cerveau de votre Réplique est exactement similaire au vôtre, il aura l’impression de se souvenir d’avoir vécu votre vie jusqu’au moment où vous avez appuyé sur le bouton ; sa personnalité sera exactement comme la vôtre, et il sera sous chaque autre aspect en continuité psychologique avec vous.

Plusieurs auteurs prétendent que si vous choisissez d’être télétransportés, parce que vous pensez que c’est le mode de transport le plus rapide, vous faites une terrible erreur. Ce n’est pas un mode de transport, mais une façon de mourir. Vous pouvez vous consoler à la perspective qu’après votre mort, votre Réplique pourra finir le livre que vous êtes en train d’écrire, jouer le rôle de parent pour vos enfants, etc. Mais […] vous ne voulez pas seulement qu’il y ait une continuité psychologique entre vous et quelque personne future. Vous voulez être cette personne future. Selon la théorie du Faisceau, un tel fait additionnel n’existe pas. Vous voulez que la personne sur Mars soit vous en un sens particulièrement intime, mais aucune personne future ne sera jamais vous en ce sens. Il s’ensuit que du point de vue de vos croyances naturelles, même la survie ordinaire est presque aussi terrible que la télétransportation. La survie ordinaire est à peu près aussi terrible que le fait d’être détruit et d’avoir une Réplique.

Derek PARFIT, Les esprits divisés et la nature des personnes (1987)

Questions :

  • Qu’est-ce qui est transmis exactement entre le scanner et le duplicateur ?
  • Si l’on suppose que le Moi est une substance permanente, est-il conservé à l’autre bout du téléporteur ?
  • Si l’on suppose que le Moi est une construction psychologique, est-il conservé à l’autre bout du téléporteur ?
  • Que nous apprend cette expérience hypothétique sur la façon dont nous nous représentons le Moi ?

Descartes : L’esprit peut-il concevoir ce qu’est la matière ?

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§10. Mais je ne me puis empêcher de croire que les choses corporelles, dont les images se forment par ma pensée, et qui tombent sous le sens, ne soient plus distinctement connues que cette je ne sais quelle partie de moi-même qui ne tombe point sous l’imagination : quoiqu’en effet ce soit une chose bien étrange, que des choses que je trouve douteuses et éloignées, soient plus clairement et plus facilement connues de moi, que celles qui sont véritables et certaines, et qui appartiennent à ma propre nature. Mais je vois bien ce que c’est : mon esprit se plaît de s’égarer, et ne se peut encore contenir dans les justes bornes de la vérité. Relâchons-lui donc encore une fois la bride, afin que, venant ci-après à la retirer doucement et à propos, nous le puissions plus facilement régler et conduire. Continuer la lecture

Platon : Sommes-nous des prisonniers dans une caverne ?

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SOCRATE :
Représente-toi des hommes dans une sorte d’habitation souterraine en forme de caverne. Cette habitation possède une entrée disposée en longueur, remontant de bas en haut tout le long de la caverne vers la lumière. Les hommes sont dans cette grotte depuis l’enfance, les jambes et le cou ligotés de telle sorte qu’ils restent sur place et ne peuvent regarder que ce qui se trouve devant eux, incapables de tourner la tête à cause de leurs liens. Représente-toi la lumière d’un feu qui brûle sur une hauteur loin derrière eux et, entre le feu et les hommes enchaînés, un chemin sur la hauteur, le long duquel tu peux voir l’élévation d’un petit mur, du genre de ces cloisons qu’on trouve chez les montreurs de marionnettes et qu’ils érigent pour les séparer des gens. Par-dessus ces cloisons, ils montrent leurs merveilles.
Imagine aussi le long de ce muret, des hommes qui portent toutes sortes d’objets fabriqués qui dépassent le muret, des statues d’hommes et d’autres animaux, façonnées en pierre, en bois et en toute espèce de matériau. Parmi ces porteurs, c’est bien normal, certains parlent, d’autres se taisent.

GLAUCON :
Tu décris là une image étrange et de bien étranges prisonniers !

SOCRATE :
Ils sont semblables à nous.

PLATON, République, livre VII, 514a-517a

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Questions :

  • De quoi sommes-nous prisonniers selon Platon ?
  • Qui sont ces hommes qui manipulent toutes sortes d’objets pour projeter certaines ombres devant nous ?
  • Si l’un de ces prisonniers pouvait sortir de la caverne, pourrait-il facilement s’habituer à voir tout ce qui se trouve à l’extérieur ?

Le groupe peut-il secourir l’individu ?

1) L’effet témoin (également appelé “effet spectateur”) a d’abord été identifié lors du meurtre dramatique de Kitty Genovese en 1964, à la suite duquel le New York Times titra : « Les 38 témoins du meurtre qui n’ont pas appelé la police ».

Extrait du reportage d’Envoyé Spécial “L’étoffe du héros” de juin 2015

2) L’expérience du bon samaritain propose de tester l’effet témoin en le combinant avec le critère du statut social : le groupe va-t-il tenir compte de l’apparence sociale de la victime avant de lui venir en aide ?

Pour approfondir :

  • Le film 38 témoins de Lucas Belvaux (2012) est librement inspiré de l’affaire Kitty Genovese.

L’individu préfère-t-il se distinguer ou se conformer au groupe ?

Le collectif Exactitudes mené par Versluis et Uyttenbroek a pour objectif de

“fournir un enregistrement quasiment scientifique, anthropologique, des tentatives des gens pour se distinguer des autres en assumant une identité de groupe”.

  • Cette uniformisation des styles est-elle volontaire ou non ?
  • De qui chacun cherche-t-il exactement à se distinguer ? A qui exactement finit-il par ressembler ?

Pour approfondir :

L’individu peut-il s’opposer au groupe ?

L’expérience de Solomon Asch (1951) a pour but de mesurer les effets de la pression du groupe sur les croyances et opinions d’un individu.

  • Sur cent personnes, combien se soumettent à l’influence du groupe ?
  • Que se passe-t-il quand un individu résiste à l’influence du groupe ?
  • Deux individus peuvent-ils résister à l’influence d’un groupe majoritaire ?

Les êtres vivants ont-ils conscience d’eux-mêmes ?

Le test du miroir a été élaboré par Gordon Gallup dans les années 1970.

Voici une version moderne du test reconstituée dans le documentaire de la BBC Amazing Apes :

  • Quel est le sens physique du verbe “réfléchir” ?

  • Est-il facile pour un enfant de un an de s’identifier dans un miroir ? Pourquoi ?
  • Face au miroir, que doit toucher l’animal pour que le test réussisse ?
  • Que doit toucher l’animal pour que le test échoue ?
  • Quelle opération mentale complexe rend possible cette réflexion physique ?
  • Que nous apprend cette expérience sur l’activité de réflexion intellectuelle ?

Pour approfondir :

Les préjugés structurent-ils les relations sociales ?

1) Comment se repérer dans la société sans préjugés ?

Extrait de l’émission d’Arte X:enius sur “Les préjugés : peut-on s’en passer ?”

2) Les préjugés aident-ils à structurer nos comportements ?

Extrait de l’émission d’Arte X:enius sur “Les préjugés : peut-on s’en passer ?”

La science peut-elle justifier des préjugés racistes ?

Le racialisme est un courant scientifique apparu au XIXe siècle ayant pour but de justifier scientifiquement l’inégalité entre les races humaines.

Planche pseudo-scientifique

A l’aide de mesures du crâne, ces “scientifiques” cherchent à montrer la proximité entre la race noire (nommée à l’époque “race nègre”) et l’orang outang, et la suprématie de la race blanche.

Le film Vénus Noire (2010) met en scène l’histoire vraie de Saartjie Baartman, surnommée “la Vénus hottentote”. Au milieu du film, le réalisateur Abdellatif Kechiche nous montre comment les scientifiques de l’époque cherchaient chez les “nègres” les justifications de théories racialistes balbutiantes :

  • Dans cet extrait, les scientifiques font-ils preuve d’objectivité ?
  • A quel moment l’hypothèse de la différence des races intervient-elle ? Avant ou après les mesures anatomiques ?
  • Pourquoi peut-on parler de “pseudo-science” ici ?