Platon : Faut-il interdire la parole du poète ? (3)

Dans la République, Socrate explique les raisons pour lesquelles il est préférable de bannir le poète de la cité idéale.

Socrate cherche à imaginer la cité idéale, et il revient avec Glaucon sur les raisons pour lesquelles il est préférable d’en bannir les poètes.

SOCRATE : Un homme de valeur, s’il lui arrive de subir un coup du sort, comme de perdre son fils ou quelque chose à quoi il tient par-dessus tout, nous avons prétendu à ce moment-là qu’il le supporterait plus facilement que les autres.

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Platon : Faut-il interdire la parole du poète ? (2)

Dans la République, Socrate explique les raisons pour lesquelles il est préférable de bannir le poète de la cité idéale.

Extrait n°2

Socrate cherche à imaginer la cité idéale, et il revient avec Glaucon sur les raisons pour lesquelles il est préférable d’en bannir les poètes.

SOCRATE : « J’ai bien à l’esprit, repris-je, les raisons nombreuses et de toutes sortes qui nous font dire que nous avons fondé notre cité le plus correctement possible, et je l’affirme surtout quand je réfléchis au sujet de la poésie. 

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Platon : Faut-il interdire la parole du poète ? (1)

Dans la République, Socrate explique les raisons pour lesquelles il est préférable de bannir le poète de la cité idéale.

Extrait n°1

Socrate cherche à imaginer la cité idéale, et il s’interroge avec Adimante  sur la meilleure façon d’éduquer ceux qui en deviendront les gardiens.

SOCRATE : Or, tu sais bien qu’en toute tâche, la chose la plus importante est le commencement et en particulier pour tout ce qui est jeune et tendre ? C’est en effet principalement durant cette période que le jeune se façonne et que l’empreinte dont on souhaite le marquer peut être gravée. 

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Bergson : L’oeuvre d’art reflète-t-elle l’existence de l’artiste ?

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Harlequin, de Cézanne (1890)

Si paradoxale que cette assertion puisse paraître, nous ne croyons pas que l’observation des autres hommes soit nécessaire au poète tragique. D’abord, en fait, nous trouvons que de très grands poètes ont mené une vie très retirée, très bourgeoise, sans que l’occasion leur ait été fournie de voir se déchaîner autour d’eux les passions dont ils ont tracé la description fidèle. Mais, à supposer qu’ils eussent eu ce spectacle, on se demande s’il leur aurait servi à grand-chose. Ce qui nous intéresse, en effet, dans l’œuvre du poète, c’est la vision de certains états d’âme très profonds ou de certains conflits tout intérieurs. Or, cette vision ne peut pas s’accomplir du dehors. Les âmes ne sont pas pénétrables les unes aux autres. Nous n’apercevons extérieurement que certains signes de la passion. Nous ne les interprétons — défectueusement d’ailleurs — que par analogie avec ce que nous avons éprouvé nous-mêmes. Ce que nous éprouvons est donc l’essentiel, et nous ne pouvons connaître à fond que notre propre cœur — quand nous arrivons à le connaître. Est-ce à dire que le poète ait éprouvé ce qu’il décrit, qu’il ait passé par les situations de ses personnages et vécu leur vie intérieure ? Ici encore la biographie des poètes nous donnerait un démenti. Comment supposer d’ailleurs que le même homme ait été Macbeth, Othello, Hamlet, le roi Lear, et tant d’autres encore ? Continuer la lecture

Bergson : L’art vise-t-il une vérité universelle ?

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Hamlet et Horatio au cimetière devant le fossoyeur qui tient le crâne de Yorick, de Delacroix (1839)

Il suit de là que l’art vise toujours l’individuel. Ce que le peintre fixe sur la toile, c’est ce qu’il a vu en un certain lieu, certain jour, à certaine heure, avec des couleurs qu’on ne reverra pas. Ce que le poète chante, c’est un état d’âme qui fut le sien, et le sien seulement, et qui ne sera jamais plus. Ce que le dramaturge nous met sous les yeux, c’est le déroulement d’une âme, c’est une transe vivante de sentiments et d’événements, quelque chose enfin qui s’est présenté une fois pour ne plus se reproduire jamais. Nous aurons beau donner à ces sentiments des noms généraux ; dans une autre âme ils ne seront plus la même chose. Ils sont individualisés. Par là surtout ils appartiennent à l’art, car les généralités, les symboles, les types même, si vous voulez, sont la monnaie courante de notre perception journalière. D’où vient donc le malentendu sur ce point ? Continuer la lecture