Rousseau : Peut-on être insensible à la souffrance d’autrui ?

[§35] Il y a d’ailleurs un autre principe (…) qui, ayant été donné à l’homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l’ardeur qu’il a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable. (…)  Je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes ; vertu d’autant plus universelle et d’autant plus utile à l’homme qu’elle précède en lui l’usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles. Sans parler de la tendresse des mères pour leurs petits, et des périls qu’elles bravent pour les en garantir, on observe tous les jours la répugnance qu’ont les chevaux à fouler aux pieds un corps vivant ; un animal ne passe point sans inquiétude auprès d’un animal mort de son espèce ; il y en a même qui leur donnent une sorte de sépulture ; et les tristes mugissements du bétail entrant dans une boucherie annoncent l’impression qu’il reçoit de l’horrible spectacle qui le frappe. (…)

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Descartes : Peut-on posséder les connaissances d’autrui ?

Citation

Considérez en premier lieu quelles sont les choses qu’une personne peut apprendre à une autre. Et vous trouverez que ce sont les langues, l’histoire, les expériences, et les démonstrations claires et certaines qui convainquent l’esprit, telles que sont celles des géomètres. Mais pour les opinions et les maximes des philosophes, aussitôt qu’on les dit, on ne les enseigne pas pour cela. Platon dit une chose, Aristote en dit une autre, Epicure une autre, Télésio, Campanella, Bruno, Basson, Vanini, et tous les novateurs, disent chacun diverses choses. Qui de tous ces gens-là enseigne à votre avis, je ne dis pas moi, mais qui que ce soit qui aime la Sagesse ? Sans doute que c’est celui qui peut le premier persuader quelqu’un par ses raisons, ou du moins par son autorité. Que si quelqu’un, sans y être porté par le poids d’aucune autorité ni d’aucune raison qu’il ait apprise des autres, vient à croire quelque chose ; encore qu’il l’ait ouï dire à plusieurs, il ne faudra pas croire pour cela qu’ils la lui aient enseignée. (…) Continuer la lecture

Pop philosophie : Harry Potter, par Caroline & Amélie (TL 2017)

En mars 2017, les élèves de TL ont choisi de travailler sur un objet de culture populaire afin d’en dégager une question philosophique et un argumentaire.

Avertissement : Ces propositions de pop philosophie ne prétendent à aucune exhaustivité ni à aucune perfection, ce sont au sens propre des essais imparfaits, souvent inachevés, mais qui proposent quelques pistes de réflexion à partir de la culture populaire.

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Caroline & Amélie proposent une analyse philosophique de Harry Potter, à partir de la question :

Est-il moral de se sacrifier pour autrui ?