Freud : est-il facile de dire tout ce qui nous vient à l’esprit ?

[§7] Si, pour rechercher un complexe refoulé, nous partons des souvenirs que le malade possède encore, nous pouvons donc y parvenir, à condition qu’il nous apporte un nombre suffisant d’associations libres. Nous laissons parler le malade comme il lui plaît, conformément à notre hypothèse d’après laquelle rien ne peut lui venir à l’esprit qui ne dépende indirectement du complexe recherché. Cette méthode pour découvrir les éléments refoulés vous semble peut-être pénible; je puis cependant vous assurer que c’est la seule praticable.

[§8] Il arrive parfois qu’elle semble échouer : le malade s’arrête brusquement, hésite et prétend n’avoir rien à dire, qu’il ne lui vient absolument rien à l’esprit. S’il en était réellement ainsi, notre procédé serait inapplicable. Mais une observation minutieuse montre qu’un tel arrêt des associations libres ne se présente jamais. Elles paraissent suspendues parce que le malade retient ou supprime l’idée qu’il vient d’avoir, sous l’influence de résistances revêtant la forme de jugements critiques. On évite cette difficulté en avertissant le mala­de à l’avance et en exigeant qu’il ne tienne aucun compte de cette critique. Il faut qu’il renonce complètement à tout choix de ce genre et qu’il dise tout ce qui lui vient à l’esprit, même s’il pense que c’est inexact, hors de la question, stupide même, et surtout s’il lui est désagréable que sa pensée s’arrête à une telle idée. S’il se soumet à ces règles, il nous procurera les associations libres qui nous mettront sur les traces du complexe refoulé.

[§9] Ces idées spontanées que le malade repousse comme insignifiantes, s’il résiste au lieu de céder au médecin, représentent en quelque sorte, pour le psychanalyste, le minerai dont il extraira le métal précieux par de simples artifices d’interprétation.

FREUD, Cinq leçons de psychanalyse (1909), III, §§7-9

Questions :

  • Comparez la nouvelle méthode utilisée par Freud avec l’hypnose. Laquelle est la meilleure ? Justifiez. (§7)
  • Quel type de raisonnement Freud utilise-t-il ici ? Reconstituez-le. (§8 l.2-3)
  • Selon Freud, sommes-nous libres de dire tout ce que nous pensons ? Expliquez. (§8 l.5-9)
  • Quel type de raisonnement Freud utilise-t-il ici ? Reconstituez-le. (§9)
  • Synthèse : Formulez la question posée, la thèse soutenue, et l’idée reçue qu’il remet en question.

Une synthèse orale proposée par Morgane, Nicolas et Juliette (TL, 2017)

Une explication orale proposée par Laura, Lori Ann & Johanna (TESL, 2018)

Suite de la conférence de Freud

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Psychanalysons les contes de fées ! par les TL (2016)

En novembre 2016, les élèves de TL du lycée René Cassin ont cherché à interpréter plusieurs contes de Grimm à la lumière de la psychanalyse freudienne, à la manière de Bruno Bettelheim. Ils proposent pour chaque conte une lecture et un résumé de leur interprétation.

  • Les sept corbeaux : lecture & interprétation psychanalytique du conte de Grimm, par Zina, Marine L., Naïs, Coline, Antoine & Cassandra.

  • Le serpent blanc : lecture & interprétation psychanalytique du conte de Grimm, par Estelle, Inès, Charlotte, Margaux, Caroline S. & Tatyana.

  • Les trois fileuses : lecture & interprétation psychanalytique du conte de Grimm, par Kerene, Camille, Chloé, Kévin, Amélie & Flora.

  • Les trois plumes : lecture & interprétation psychanalytique du conte de Grimm, par Eloïse, Pierrick, Louise, Agathe & Tiphanie.

  • Le roi-grenouille: lecture & interprétation psychanalytique du conte de Grimm, par Marine S., Guillaume, Viviane, Lola & Clara.

Ce travail s’inspire de la démarche de Bruno Bettelheim (Psychanalyse des contes de fées, 1976), et poursuit les essais interprétatifs de 4 autres contes de Grimm proposés en 2014.

Freud : nos idées surgissent-elles au hasard ?

Je vous avais dit que lorsque, renonçant à l’hypnose, on cherchait à réveiller les souvenirs que le sujet pouvait avoir de l’origine de sa maladie, en lui demandant de dire ce qui lui venait à l’esprit, la première idée qui surgis­sait se rapportait à ces premiers souvenirs. Ce n’est pas toujours exact. Je n’ai présenté la chose aussi simplement que pour être bref. En réalité, les pre­mières fois seulement, une simple insistance, une pression de ma part suffisait pour faire apparaître l’événement oublié. Si l’on persistait dans ce procédé, des idées surgissaient bien, mais il était fort douteux qu’elles correspondent réelle­ment à l’événement recherché : elles semblaient n’avoir aucun rapport avec lui, et d’ailleurs les malades eux-mêmes les rejetaient comme inadéquates. La pression n’était plus d’aucun secours et l’on pouvait regretter d’avoir renoncé à l’hypnose.

Incapable d’en sortir, je m’accrochai à un principe dont la légitimité scientifique a été démontrée plus tard par mon ami C.-G. Jung et ses élèves à Zurich. (Il est parfois bien précieux d’avoir des principes!) C’est celui du déterminisme psychique, en la rigueur duquel j’avais la foi la plus absolue. Je ne pouvais pas me figurer qu’une idée surgissant spontanément dans la con­science d’un malade, surtout une idée éveillée par la concentration de son attention, pût être tout à fait arbitraire et sans rapport avec la représentation oubliée que nous voulions retrouver. Quelle ne lui fût pas identique, cela s’expliquait par l’état psychologique supposé. Deux forces agissaient l’une contre l’autre dans le malade ; d’abord son effort réfléchi pour ramener à la conscience les choses oubliées, mais latentes dans son inconscient ; d’autre part la résistance que je vous ai décrite et qui s’oppose au passage à la con­science des éléments refoulés. Si cette résistance est nulle ou très faible, la chose oubliée devient consciente sans se déformer ; on était donc autorisé à admettre que la déformation de l’objet recherché serait d’autant plus grande que l’opposition à son arrivée à la conscience serait plus forte. L’idée qui se présentait à l’esprit du malade à la place de celle qu’on cherchait à rappeler avait donc elle-même la valeur d’un symptôme. C’était un substitut nouveau, artificiel et éphémère de la chose refoulée et qui lui ressemblait d’autant moins que sa déformation, sous l’influence de la résistance, avait été plus grande. Pourtant, il devait y avoir une certaine similitude avec la chose recherchée, puisque c’était un symptôme et, si la résistance n’était pas trop intense, il devait être possible de deviner, au moyen des idées spontanées, l’inconnu qui se dérobait. L’idée surgissant dans l’esprit du malade est, par rapport à l’élément refoulé, comme une allusion, comme une traduction de celui-ci dans un autre langage.

FREUD, Cinq leçons de psychanalyse (1909), III, §§1-2

Questions :

  • Quelles méthodes Freud préfère-t-il abandonner ? Justifiez son choix. (§1)
  • Expliquez le principe théorique auquel Freud fait appel à l’aide d’un exemple (§2)
  • Quand l’esprit évoque une idée refoulée, quel conflit a lieu ? Reconstituez les étapes.
  • Quel type de raisonnement conclut le texte ? Expliquez.
  • Synthèse : Formulez la question posée, la thèse soutenue, et l’idée reçue qu’il remet en question.

Une synthèse orale proposée par Orlanne, Ivo, Claire et Lea (TL, 2017)

Une explication orale proposée par Emeline, Emilie & Mandy (TESL, 2018)

Suite de la conférence de Freud

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Rêve causé une abeille (Dali) : une interprétation sonore (TL, 2016)

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En novembre 2016, les élèves de Terminale L du lycée René Cassin ont travaillé sur l’interprétation du tableau de Dali intitulé Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade (1944).

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Estelle, Flora, Lola et Caroline ont enregistré quelques-unes des interprétations élaborées en commun.

Révisions sonores sur l’inconscient (TL, 2016)

En novembre 2016 les élèves de TL du lycée René Cassin ont enregistré une émission de radio mettant en scène différents points de leur cours de Philosophie sur l’inconscient. Ils y présentent :

  • la notion d’inconscient,
  • l’hystérie
  • le refoulement et la 1ère topique chez Freud,
  • l’interprétation des actes manqués et des rêves,
  • les différents stades de la sexualité chez l’enfant
  • la 2e topique chez Freud.

Révisions sonores sur la conscience, par les TL

En novembre 2016 les élèves de TL du lycée René Cassin ont enregistré une émission de radio mettant en scène différents points de leur cours de Philosophie sur la conscience, à propos de ce que c’est qu’être sujet, de la mémoire, de la connaissance de soi et de l’existentialisme.

Gabriel : Le monde existe-il ?

Tout ce qui existe, existe dans le monde, parce que le monde est précisément le domaine dans lequel tout arrive. En-dehors du monde, il n’y a rien. Donc tout ce que l’on croit être extérieur au monde appartient au monde. L’existence comprend toujours une localisation. L’existence signifie que quelque chose apparaît dans un champ de sens. La question se formule donc ainsi : si le monde existe, dans quel champ de sens surgit-il ?

Prenons pour exemple le champ visuel. Dans cet espace, on ne voit jamais le champ visuel lui-même, mais uniquement des objets visibles : la voisine, le café, la lune ou le coucher du soleil. On pourrait à la limite essayer de représenter picturalement le champ visuel : si j’avais le talent de peindre très exactement le champ visuel que j’ai sous les yeux, je verrais dans ma peinture le tableau de mon champ visuel. Il en va de même pour le monde : chaque fois que nous croyons l’avoir saisi, nous n’avons sous les yeux qu’une copie ou une image du monde. Nous ne pouvons pas comprendre le monde lui-même parce qu’il n’y a pas de champ de sens auquel il appartient. Le monde n’apparaît pas sur le théâtre du monde, il ne donne pas de représentation et il ne se présente pas à nous.

Markus GABRIEL, Pourquoi le monde n’existe pas (2013), pp.98, 100-101

Markus Gabriel explique sa thèse dans Les nouveaux chemins de la connaissance sur France Culture :

https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=d7461b81-7986-11e5-8e9e-005056a87c89

Lewis : Existe-t-il d’autres mondes ?

Y a-t-il d’autres mondes qui sont d’autres manières ? Je prétends qu’il y en a. Je défends la thèse de la pluralité des mondes, ou réalisme modal, au regard de laquelle notre monde n’est qu’un monde parmi beaucoup d’autres. Il y a d’innombrables autres mondes, d’innombrables autres choses très inclusives. Notre monde est constitué de nous et de tout ce qui nous entoure, quel qu’en soit l’éloignement dans le temps et dans l’espace ; de la même façon qu’il est une vaste chose constituée de parties plus petites, les autres mondes sont également constitués de parties alter-mondaines plus petites. Les mondes sont semblables aux planètes lointaines, à ceci près que la plupart d’entre eux sont bien plus grands que de simples planètes, et qu’ils ne sont ni lointains, ni proches. Aucune distance spatiale ne les sépare d’ici, et ils ne sont ni éloignés, ni proches dans le passé ou le futur. Aucune distance temporelle ne les sépare du temps présent. Ils sont isolés : il n’y a absolument aucune relation spatio-temporelle entre les choses qui appartiennent à différents mondes. Ce qui arrive dans un monde n’est pas plus la cause de ce qui arrive dans un autre.

Les mondes sont nombreux et variés. Il en existe suffisamment pour fournir des mondes où (approximativement parlant) je finis [ce livre] à temps, où je n’existe pas, où absolument personne n’existe, où les constantes physiques n’autorisent aucune vie, où des lois entièrement différentes gouvernent les actions de particules étrangères possédant des propriétés étrangères. Il y a tant d’autres mondes, en fait, qu’absolument chaque manière possible dont un monde pourrait être est une manière dont quelque monde est.

David LEWIS, De la pluralité des mondes (1986), 1, pp.16-17

Extraits du documentaire de Brian Greene “La magie du cosmos, 4. Univers ou multivers ?”

https://youtu.be/R3jhna2d2uA?t=2m29s

https://youtu.be/R3jhna2d2uA?t=42m8s