Martin : La science peut-elle échapper à toute influence culturelle ?

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En tant qu’anthropologue, je suis intriguée par la possibilité que la culture façonne la manière dont les chercheurs en biologie décrivent leurs découvertes sur la nature. Si c’était le cas, au lycée, en cours de biologie, nous recevrions bien plus qu’un enseignement sur la nature, mais aussi sur les croyances et pratiques culturelles, comme si elles étaient inscrites dans la nature. Au cours de mes recherches, j’ai réalisé que l’image de l’ovule et du spermatozoïde, celle que l’on retrouve aussi bien dans la culture populaire que dans les théories scientifiques sur la reproduction biologique, repose sur des stéréotypes qui sont au centre de nos définitions culturelles du masculin et du féminin. Ces stéréotypes impliquent non seulement que les processus biologiques féminins ont moins de valeur que leurs équivalents masculins, mais aussi que les femmes ont moins de valeur que les hommes. Mon but en écrivant cet article est notamment de mettre en lumière les stéréotypes de genre qui se cachent dans le vocabulaire scientifique de la biologie. Ainsi exposés en pleine lumière, j’espère qu’ils perdront une grande partie de leur pouvoir de nuisance. Continuer la lecture

Fahrenheit 451 : Les livres peuvent-ils survivre à leur destruction ?

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Le film Fahrenheit 451, réalisé par François Truffaut en 1966, est adapté d’un roman de Bradbury (publié en 1953). Dans un monde dystopique, les pompiers ont pour fonction de brûler tous les livres, et toute culture écrite est vouée à disparaître. … Continuer la lecture

Rousseau : L’homme est-il meilleur à l’état de nature ou à l’état civil ?

Ce passage de l’état de nature à l’état civil produit dans l’homme un changement très remarquable, en substituant dans sa conduite la justice à l’instinct, et donnant à ses actions la moralité qui leur manquait auparavant. C’est alors seulement que la voix du devoir succédant à l’impulsion physique et le droit à l’appétit, l’homme, qui jusque-là n’avait regardé que lui-même, se voit forcé d’agir sur d’autres principes, et de consulter sa raison avant d’écouter ses penchants. Quoiqu’il se prive dans cet état de plusieurs avantages qu’il tient de la nature, il en regagne de si grands, ses facultés s’exercent et se développent, ses idées s’étendent, ses sentiments s’ennoblissent, son âme tout entière s’élève à tel point que si les abus de cette nouvelle condition ne le dégradaient souvent au-dessous de celle dont il est sorti, il devrait bénir sans cesse l’instant heureux qui l’en arracha pour jamais, et qui, d’un animal stupide et borné, fit un être intelligent et un homme.

Réduisons toute cette balance à des termes faciles à comparer. Ce que l’homme perd par le contrat social, c’est sa liberté naturelle et un droit illimité à tout ce qui le tente et qu’il peut atteindre ; ce qu’il gagne, c’est la liberté civile et la propriété de tout ce qu’il possède. Pour ne pas se tromper dans ces compensations, il faut bien distinguer la liberté naturelle qui n’a pour bornes que les forces de l’individu, de la liberté civile qui est limitée par la volonté générale, et la possession qui n’est que l’effet de la force ou le droit du premier occupant, de la propriété qui ne peut être fondée que sur un titre positif.

On pourrait sur ce qui précède ajouter à l’acquis de l’état civil la liberté morale, qui seule rend l’homme vraiment maître de lui ; car l’impulsion du seul appétit est esclavage, et l’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté.

ROUSSEAU, Du Contrat social (1762), I, chapitre 8 “De l’état civil”

Questions :

  1. Dans le premier paragraphe, relevez les expressions qui décrivent l’état de nature et l’état civil dans ces deux colonnes, et expliquez le fonctionnement de l’homme dans chacun des deux états.
état de nature

état civil

   
   
   
   

2. Entre la liberté naturelle et la liberté civile, laquelle est la plus avantageuse ? Justifiez.

3. Analysez et justifiez : « L’obéissance à la loi qu’on s’est prescrite est liberté ».

Une explication orale proposée par Zina, Marine et Pierrick (TL, 2017)

Une autre explication orale proposée par Laurie, Lola, Camille et Juliette (TL, 2018) :

 

La culture

Le support du cours :

Articles du site portant sur la culture

Textes :

Documents à l’appui du cours :

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Exercices de révision :

Peut-on juger objectivement la valeur d’une culture ?

1) Quel problème cette photographie met-elle en scène ?

Coco Fusco, “couple dans une cage”, Madrid, 1993

2) Le film Vénus Noire (2010) met en scène l’histoire vraie de Saartjie Baartman, surnommée “la Vénus hottentote”

a) le début du film nous montre son exhibition devant le peuple londonien :

b) le milieu du film nous montre comment les scientifiques de l’époque cherchaient chez les “nègres” les justifications de théories racialistes balbutiantes :

3) La bande dessinée Tintin au Congo, sous le prétexte d’importer le goût du travail en Afrique, ne met-elle pas en scène le même ethnocentrisme ?

Tintin au Congo (1931)

4) Le film de Jean Rouch Petit à petit (1971) illustre quant à lui une sorte d’ethnocentrisme inversé, où le Nigérian Damouré étudie la population parisienne selon ses propres critères culturels :

(Merci à B. Sueur pour plusieurs de ces propositions pédagogiques)

Faut-il être cultivé pour être humain ?

François TRUFFAUT, L’enfant sauvage (1969)