Paley : L’organisation du monde implique-t-elle l’existence d’un Dieu ?

Si je vois des traces de pas, cela suppose-t-il qu’un homme soit passé par là ?

« Si en traversant un désert, je marche sur une pierre, et que je me demande comment cette pierre se trouve là, je pourrais en rendre compte d’une manière passablement satisfaisante, en disant que de tout temps cette pierre a été dans ce lieu. […]

Supposons qu’au lieu d’une pierre, j’eusse trouvé une montre, la réponse qu’elle a été de tout temps dans le même endroit ne serait pas admissible. Cependant, pourquoi cette différence ? Pourquoi la même réponse n’est elle pas applicable ? Parce qu’à l’examen de cette machine je découvre, ce que je n’avais pas pu découvrir dans la pierre, à savoir : que ses diverses parties sont faites les unes pour les autres, et dans un certain but ; que ce but est le mouvement, et que ce mouvement tend à nous indiquer les heures. […]

Une fois le mécanisme saisi, la conséquence des faits me parait évidente. Il faut que cette machine ait été faite par un ouvrier : il faut qu’il ait existé un ouvrier, ou plusieurs, qui aient eu en vue le résultat que j’observe, lorsqu’ils ont fabriqué cette montre. »

William PALEY, Théologie naturelle (1803), pp. 1-3

Questions :

  • Peut-il exister une montre s’il n’existe aucun horloger ?
  • Quel type de raisonnement utilise Paley pour affirmer l’existence d’un Dieu ?
  • Ce raisonnement est-il valide ?

Wittgenstein : Cela a-t-il un sens de vouloir douter de tout ?

Enfants, nous apprenons des faits, par exemple, que tout être humain a un cerveau, et nous les acceptons les yeux fermés. Je crois qu’il existe une île, l’Australie, qui a telle forme, etc. Je crois que j’ai eu des arrière-grands-parents, que les personnes qui disaient être mes parents étaient réellement mes parents, etc. Cette croyance peut ne jamais avoir été exprimée ; et même la pensée qu’il en est ainsi, jamais pensée.

L’enfant apprend en croyant l’adulte. Le doute vient après la croyance.

J’ai appris une quantité de choses que j’ai acceptées en m’en remettant à l’autorité, par la suite l’expérience personnelle est venue confirmer ou infirmer certaines choses.

En général, je tiens pour vrai ce qui est écrit dans les manuels scolaires, par exemple de géographie. Pourquoi ? Je dis : tous ces faits ont été confirmés des centaines de fois. Mais comment est-ce que je sais cela ? Quelle preuve en ai-je ? J’ai une image du monde. Est-elle vraie ou fausse ? Elle est, avant tout, le soubassement de toutes mes recherches et affirmations. Les propositions qui la décrivent ne sont pas toutes également sujettes à vérification.

Arrive-t-il jamais à quelqu’un de vérifier que cette table existe toujours lorsque personne ne lui prête attention ? Nous vérifions l’histoire de Napoléon, mais non si tous les comptes-rendus le concernant reposent sur des illusions sensorielles, des falsifications de documents et autres choses du genre. Car lorsque nous vérifions quoi que ce soit, nous présupposons déjà quelque chose que nous ne vérifions pas. Vais-je dire alors que l’expérience à laquelle je me livre afin de vérifier la vérité d’une proposition présuppose la vérité de la proposition que l’appareil que je crois voir est vraiment là (et autres choses du genre) ?
La vérification n’a-t-elle pas de fin ?

Ludwig WITTGENSTEIN, De la certitude (1951), §§ 159-164

Questions :

  • Expliquez le point commun des 3 premiers exemples utilisés par l’auteur : pourquoi est-il très difficile d’en douter, non seulement pour un enfant, mais aussi pour un adulte ?
  • Analysez le 4e exemple « les personnes qui disaient être mes parents étaient réellement mes parents » : pourquoi l’enfant y croit-il forcément ? Serait-il logiquement capable de formuler cette phrase ?
  • Définissez le mot « autorité », puis expliquez en quoi l’autorité et « l’expérience personnelle » sont deux sources de connaissances opposées mais complémentaires.
  • Montrez en quoi la question suivante est problématique : « J’ai une image du monde. Est-elle vraie ou fausse ? » (lignes 11-12). Ai-je les moyens de vérifier si elle peut être fausse ? Puis-je donc douter de cette image que j’ai du monde ?
  • D’après la fin du texte, l’historien a-t-il plutôt intérêt à être sceptique ou dogmatique ?

Avons-nous les désirs plus gros que le ventre ?

L’un des sketches du film Monty Python : Le sens de la vie (1983) montre ce qui se passe quand nos désirs nous poussent à outrepasser nos limites, ici celles du corps.

Questions :

  • En temps ordinaire, mes désirs ont-ils des limites ?
  • La connaissance de soi est-elle illimitée ?
  • Comment peut-on expliquer que mes désirs puissent parfois me dominer entièrement ?