Rêve causé une abeille (Dali) : une interprétation sonore (TL, 2016)

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En novembre 2016, les élèves de Terminale L du lycée René Cassin ont travaillé sur l’interprétation du tableau de Dali intitulé Rêve causé par le vol d’une abeille autour d’une grenade (1944).

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Estelle, Flora, Lola et Caroline ont enregistré quelques-unes des interprétations élaborées en commun.

Révisions sonores sur l’inconscient (TL, 2016)

En novembre 2016 les élèves de TL du lycée René Cassin ont enregistré une émission de radio mettant en scène différents points de leur cours de Philosophie sur l’inconscient. Ils y présentent :

  • la notion d’inconscient,
  • l’hystérie
  • le refoulement et la 1ère topique chez Freud,
  • l’interprétation des actes manqués et des rêves,
  • les différents stades de la sexualité chez l’enfant
  • la 2e topique chez Freud.

Révisions sonores sur la conscience, par les TL

En novembre 2016 les élèves de TL du lycée René Cassin ont enregistré une émission de radio mettant en scène différents points de leur cours de Philosophie sur la conscience, à propos de ce que c’est qu’être sujet, de la mémoire, de la connaissance de soi et de l’existentialisme.

Gabriel : Le monde existe-il ?

Tout ce qui existe, existe dans le monde, parce que le monde est précisément le domaine dans lequel tout arrive. En-dehors du monde, il n’y a rien. Donc tout ce que l’on croit être extérieur au monde appartient au monde. L’existence comprend toujours une localisation. L’existence signifie que quelque chose apparaît dans un champ de sens. La question se formule donc ainsi : si le monde existe, dans quel champ de sens surgit-il ?

Prenons pour exemple le champ visuel. Dans cet espace, on ne voit jamais le champ visuel lui-même, mais uniquement des objets visibles : la voisine, le café, la lune ou le coucher du soleil. On pourrait à la limite essayer de représenter picturalement le champ visuel : si j’avais le talent de peindre très exactement le champ visuel que j’ai sous les yeux, je verrais dans ma peinture le tableau de mon champ visuel. Il en va de même pour le monde : chaque fois que nous croyons l’avoir saisi, nous n’avons sous les yeux qu’une copie ou une image du monde. Nous ne pouvons pas comprendre le monde lui-même parce qu’il n’y a pas de champ de sens auquel il appartient. Le monde n’apparaît pas sur le théâtre du monde, il ne donne pas de représentation et il ne se présente pas à nous.

Markus GABRIEL, Pourquoi le monde n’existe pas (2013), pp.98, 100-101

Markus Gabriel explique sa thèse dans Les nouveaux chemins de la connaissance sur France Culture :

https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=d7461b81-7986-11e5-8e9e-005056a87c89

Lewis : Existe-t-il d’autres mondes ?

Y a-t-il d’autres mondes qui sont d’autres manières ? Je prétends qu’il y en a. Je défends la thèse de la pluralité des mondes, ou réalisme modal, au regard de laquelle notre monde n’est qu’un monde parmi beaucoup d’autres. Il y a d’innombrables autres mondes, d’innombrables autres choses très inclusives. Notre monde est constitué de nous et de tout ce qui nous entoure, quel qu’en soit l’éloignement dans le temps et dans l’espace ; de la même façon qu’il est une vaste chose constituée de parties plus petites, les autres mondes sont également constitués de parties alter-mondaines plus petites. Les mondes sont semblables aux planètes lointaines, à ceci près que la plupart d’entre eux sont bien plus grands que de simples planètes, et qu’ils ne sont ni lointains, ni proches. Aucune distance spatiale ne les sépare d’ici, et ils ne sont ni éloignés, ni proches dans le passé ou le futur. Aucune distance temporelle ne les sépare du temps présent. Ils sont isolés : il n’y a absolument aucune relation spatio-temporelle entre les choses qui appartiennent à différents mondes. Ce qui arrive dans un monde n’est pas plus la cause de ce qui arrive dans un autre.

Les mondes sont nombreux et variés. Il en existe suffisamment pour fournir des mondes où (approximativement parlant) je finis [ce livre] à temps, où je n’existe pas, où absolument personne n’existe, où les constantes physiques n’autorisent aucune vie, où des lois entièrement différentes gouvernent les actions de particules étrangères possédant des propriétés étrangères. Il y a tant d’autres mondes, en fait, qu’absolument chaque manière possible dont un monde pourrait être est une manière dont quelque monde est.

David LEWIS, De la pluralité des mondes (1986), 1, pp.16-17

Extraits du documentaire de Brian Greene “La magie du cosmos, 4. Univers ou multivers ?”

Sartre : La coquette choisit-elle ce qu’elle devient ?

Voici, par exemple, une femme qui s’est rendue à un premier rendez-vous. Elle sait fort bien les intentions que l’homme qui lui parle nourrit à son égard. Elle sait aussi qu’il lui faudra prendre tôt ou tard une décision. Mais elle n’en veut pas sentir l’urgence: elle s’attache seulement à ce qu’offre de respectueux et de discret l’attitude de son partenaire. Elle ne saisit pas cette conduite comme une tentative pour réaliser ce qu’on nomme « les premières approches » : elle borne ce comportement à ce qu’il est dans le présent, elle ne veut pas lire dans les phrases qu’on lui adresse autre chose que leur sens explicite, si on lui dit : « Je vous admire tant », elle désarme cette phrase de son arrière-fond sexuel, elle attache aux discours et à la conduite de son interlocuteur des significations immédiates qu’elle envisage comme des qualités objectives. L’homme qui parle lui semble sincère et respectueux comme la table est ronde ou carrée, comme la tenture murale est bleue ou grise. (…)

C’est qu’elle n’est pas au fait de ce qu’elle souhaite : elle est profondément sensible au désir qu’elle inspire, mais le désir cru et nu l’humilierait et lui ferait horreur. Pourtant, elle ne trouverait aucun charme à un respect qui serait uniquement du respect. Il faut en même temps que ce sentiment soit tout entier désir, c’est-à-dire qu’il s’adresse à son corps en tant qu’objet. Cette fois donc, elle refuse de saisir le désir pour ce qu’il est, elle ne lui donne même pas de nom, elle ne le reconnaît que dans la mesure où il se transcende vers l’admiration, l’estime, le respect (…).

Mais voici qu’on lui prend la main. Cet acte de son interlocuteur risque de changer la situation en appelant une décision immédiate : abandonner cette main, c’est consentir de soi-même au flirt, c’est s’engager. La retirer, c’est rompre cette harmonie trouble et instable qui fait le charme de l’heure. Il s’agit de reculer le plus loin possible l’instant de la décision. On sait ce qui se produit alors : la jeune femme abandonne sa main, mais ne s’aperçoit pas qu’elle l’abandonne. Elle ne s’en aperçoit pas parce qu’il se trouve par hasard qu’elle est, à ce moment, tout esprit. Elle entraîne son interlocuteur jusqu’aux régions les plus élevées de la spéculation sentimentale, elle parle de la vie, de sa vie, elle se montre sous son aspect essentiel : une personne, une conscience. Et pendant ce temps, le divorce du corps et de l’âme est accompli ; la main repose inerte entre les mains chaudes de son partenaire : ni consentante ni résistante – une chose.

Nous dirons que cette femme est de mauvaise foi.

Jean-Paul SARTRE, L’être et le néant (1943), I, II, 2, pp. 89-90

Authentic Man (existential comics)

Authentic Man (existential comics)

Authentic Man (existential comics)

Authentic Man (existential comics)

Sartre : Suffit-il de jouer à être garçon de café pour en être un ?

Considérons ce garçon de café. Il a le geste vif et appuyé, un peu trop précis, un peu trop rapide, il vient vers les consommateurs d’un pas un peu trop vif, il s’incline avec un peu trop d’empressement, sa voix, ses yeux expriment un intérêt un peu trop plein de sollicitude pour la commande du client, enfin le voilà qui revient, en essayant d’imiter dans sa démarche la rigueur inflexible d’on ne sait quel automate tout en portant son plateau avec une sorte de témérité de funambule, en le mettant dans un équilibre perpétuellement instable et perpétuellement rompu, qu’il rétablit perpétuellement d’un mouvement léger du bras et de la main. Toute sa conduite nous semble un jeu. Il s’applique à enchaîner ses mouvements comme s’ils étaient des mécanismes se commandant les uns les autres, sa mimique et sa voix même semblent des mécanismes ; il se donne la prestesse et la rapidité impitoyable des choses. Il joue, il s’amuse. Mais à quoi donc joue-t-il ? Il ne faut pas l’observer longtemps pour s’en rendre compte : il joue à être garçon de café (…).

Cette obligation ne diffère pas de celle qui s’impose à tous les commerçants : leur condition est toute de cérémonie, le public réclame d’eux qu’ils la réalisent comme une cérémonie, il y a la danse de l’épicier, du tailleur, du commissaire priseur, par quoi ils s’efforcent de persuader à leur clientèle qu’ils ne sont rien d’autre qu’un épicier, qu’un commissaire priseur, qu’un tailleur. Un épicier qui rêve est offensant pour l’acheteur, parce qu’il n’est plus tout à fait un épicier. La politesse exige qu’il se contienne dans sa fonction d’épicier, comme le soldat au garde-à-vous se fait chose-soldat avec un regard direct mais qui ne voit point, qui n’est plus fait pour voir, puisque c’est le règlement et non l’intérêt du moment qui détermine le point qu’il doit fixer (le regard “fixé à dix pas”). Voilà bien des précautions pour emprisonner l’homme dans ce qu’il est. Comme si nous vivions dans la crainte perpétuelle qu’il n’y échappe, qu’il ne déborde et n’élude tout à coup sa condition.

Jean-Paul SARTRE, L’Être et le Néant (1943), I, II, 2, pp.94-95

Sartre's waiter (existential comics)

Sartre’s waiter (existential comics)

Sartre's Waiter (existential comics)

Sartre’s Waiter (existential comics)