Paley : L’organisation du monde implique-t-elle l’existence d’un Dieu ?

Si on observe des traces de pas dans le sable, a-t-on le droit de supposer que quelqu’un est passé par là ?

Si en traversant un désert, je marchais sur une pierre, et que je me demandasse comment cette pierre se trouve là, je pourrais m’en rendre compte d’une manière passablement satisfaisante, en me disant que de tout temps cette pierre a été dans ce lieu. Il ne serait pas facile, je crois, de démonter l’absurdité de cette réponse. Supposons qu’au lieu d’une pierre, j’eusse trouvé une montre, la réponse qu’elle a été de tout temps dans le même endroit ne serait pas admissible. Cependant, pourquoi cette différence ? Pourquoi la même réponse n’est-elle pas applicable ? Parce qu’à l’examen de cette machine je découvre, ce que je n’avais pas pu découvrir dans la pierre, à savoir : que ses diverses parties sont faites les unes pour les autres, et dans un certain but ; que ce but est le mouvement, et que ce mouvement tend à nous indiquer les heures. (…)

Une fois le mécanisme saisi, la conséquence des faits me paraît évidente. Il faut que cette machine ait été faite par un ouvrier : il faut qu’il ait existé un ouvrier, ou plusieurs, qui aient eu en vue le résultat que j’observe, lorsqu’ils ont fabriqué cette montre. (…) Un homme dans son bon sens pourrait-il se contenter, pour expliquer l’existence de la montre, de l’assertion que cette montre est un produit du hasard ? (…)

L’observateur distinguera aisément que si la montre qu’il a sous les yeux a la faculté de faire des montres semblables à elles, cette faculté est très différente de l’art d’un ouvrier qui invente et exécute. (…)

Si donc il est peu probable que la montre trouvée par notre observateur soit sortie elle-même des mains de l’ouvrier, il n’en est pas moins évident que la première montre qui a donné naissance aux autres, a été l’ouvrage d’un ouvrier intelligent. Il n’y a point de plan sans intelligence, point d’invention sans inventeur, point d’ordre qui ne demande un choix, point de dépendance de diverses parties vers un certain ensemble de résultats, qui ne suppose une intention éclairée. Personne donc ne peut raisonnablement admettre que la véritable cause de ce mécanisme admirable de la montre, soit un mouvement aveugle. 

La machine que nous avons sous les yeux, démontre par sa construction une invention et un dessein. L’invention suppose un inventeur, et le dessein un être intelligent.

William PALEY, Théologie naturelle (1803), pp. 1-10

Questions :

  • Peut-il exister une montre s’il n’existe aucun horloger ?
  • Quel type de raisonnement utilise Paley pour affirmer l’existence d’un Dieu ?
  • Ce raisonnement est-il valide ?

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